Le concept d'espèce s'affine au cours du temps
Carl von Linné, première moitié du XVIIIe siècle
« Une espèce est un ensemble d'individus qui engendrent, par reproduction, d'autres individus semblables à eux-mêmes [...] Nous comptons aujourd'hui autant d'espèces qu'il y a eu au commencement de formes diverses créées. » Le critère reproductif est ici pris en compte, mais, pour appartenir à une même espèce, les sujets doivent avant tout se ressembler.
Charles Darwin, milieu du XIXe siècle.
L'espèce peut évoluer, et ce par des phénomènes adaptatifs qui peuvent permettre la création de sous-espèces. On trouve donc, chez Darwin, une dimension temporelle associée à une dimension évolutive.
Ernst Mayr milieu du XXe siècle
« Les espèces sont des groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d'autres groupes similaires. » Le critère d'interfécondité implique que les individus qui se reproduisent entre eux doivent avoir une descendance fertile (également capable de se reproduire). Ici, les critères d'interfécondité et de barrière génétique apparaissent comme les points centraux de cette définition proposée par Ernst Mayr.
Début du XXIe siècle
Une espèce peut être considérée comme une population d'individus suffisamment isolés génétiquement des autres populations. Une population d'individus identifiée comme constituant une espèce n'est définie que durant un laps de temps fini. Critères d'interfécondité, d'identité génétique, d'évolution temporelle sont ici des éléments clés pris en compte dans ce concept actualisé.
(extrait modifié de https://www.reseau-canope.fr/corpus/video/qu-est-ce-qu-une-espece-88.html)
Activité 3 - Question
Question⚓
Utiliser les exemples pages 54 et 55 de votre livre numérique pour répondre aux questions suivantes :
Choisissez un exemple d'animaux considérés actuellement de la même espèce qui auraient été classés dans des espèces différentes par Carl von Linné. Vous expliquerez votre choix.
Choisissez un exemple d'animaux qui sont classés dans des espèces différentes selon la définition d'Ernst Mayr. Vous expliquerez votre choix.
Choisissez un exemple d'animaux classés dans des espèces différentes alors qu'on a découvert depuis qu'ils étaient interféconds.
Expliquer pourquoi la définition de l'espèce a des limites et ne peut pas toujours être utilisée pour décrire la réalité du monde vivant.
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Solution⚓
1) Carl von Linné aurait classé le mâle et la femelle du mérion splendide ou la reine, le mâle et le soldat de la fourmi légionnaire dans des espèces différentes en raison de leur absence de ressemblance (couleur ou morphologies différentes). Il en aurait été de mêle pour la chenille et l'adulte du papillon Diane.
2) La jument et l'âne sont bien des espèces différentes au sens de Mayr. Il peuvent donner naissance à un hybride, le mulet, mais ce dernier n'est pas fertile (il ne peut se reproduire).
3) Le grizzly appartient à l'espèce Ursus arctos horribilis, tandis que l'ours polaire appartient à l'espèce Ursus maritimus. Ils sont donc classés dans deux espèces différentes. Cependant on a découvert qu'ils étaient interféconds à la faveur du réchauffement climatique. Ces espèces étaient géographiquement éloignées mais pas génétiquement. Ici le critère d'interfécondité et le critère de ressemblance peuvent être associés.
4) On constate qu'il n'est pas toujours facile de classer des individus dans des espèces et qu'il existe des stades intermédiaires et que la notion de temps intervient pour que des populations deviennent génétiquement isolées. Par ailleurs il y a des êtres vivants qui se reproduisent de façon asexuée. La notion d'espèce est très utile pour décrire la biodiversité mais il faut avoir conscience que c'est un concept (représentation mentale générale, stable, associée à mot) scientifique créé par l'homme pour décrire le vivant.