Les valeurs de la république
Nos valeurs républicaines sont inscrites à l'entrée de votre établissement, comme à l'entrée de la mairie : liberté, égalité, fraternité.
Liberté, parce que c'est par l'École que vous allez devenir libres. Être libre, c'est apprendre à penser par soi-même, en s'appuyant sur des faits, sur des connaissances et sur la logique.
Égalité, parce que vous êtes accueillis à l'École sans distinction d'origine, de croyance, d'appartenance ou de culture ; parce que vous avez tous les mêmes droits et les mêmes devoirs que les autres collégiens et lycéens de votre âge.
Fraternité, parce qu'à l'École, chacun découvre ce que l'autre peut lui apporter, avec ses différences, avec ses idées à lui. La fraternité, c'est se dire que nous avons envie de faire des choses ensemble, sans exclure personne pour ce qu'il est.
Ces trois valeurs vivent dans notre École et dans notre République. Ces trois mots peuvent parfois nous sembler abstraits : ils sont pourtant si concrets tous les jours dans nos vies.
Lecture
Question⚓
Lettre aux Instituteurs,
Jean Jaurès, La Dépêche,journal de la démocratie du midi, 15 janvier 1888.
Solution⚓
Aux Instituteurs et Institutrices
Vous tenez en vos mains l'intelligence et l'âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n'auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d'une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu'est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu'ils aient une idée de l'homme, il faut qu'ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères: l'égoïsme aux formes multiples; quel est le principe de notre grandeur: la fierté unie à la tendresse.
Il faut qu'ils puissent se représenter à grands traits l'espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l'instinct, et qu'ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s'appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l'âme en éveillant en eux le sentiment de l'infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c'est par lui que nous triompherons du mal, de l'obscurité et de la mort.
Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! —Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais quelles sont les difficultés de la tâche. Vous gardez vos écoliers peu d'années et ils ne sont point toujours assidus, surtout à la campagne. Ils oublient l'été le peu qu'ils ont appris l'hiver. Ils font souvent, au sortir de l'école, des rechutes profondes d'ignorance et de paresse d'esprit, et je plaindrais ceux d'entre vous qui ont pour l'éducation des enfants du peuple une grande ambition, si cette grande ambition ne supposait un grand courage. [...]
Sachant bien lire, l'écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de l'histoire de l'espèce humaine, de la structure du monde, de l'histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de la France dans l'humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l'esprit ; il n'est pas nécessaire qu'il dise beaucoup, qu'il fasse de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu'il leur donnera concourent nettement à un tableau d'ensemble. De ce que l'on sait de l'homme primitif à l'homme d'aujourd'hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l'instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l'enfant l'effort inouï de la pensée humaine ! [...]
Je dis donc aux maîtres, pour me résumer: lorsque d'une part vous aurez appris aux enfants à lire à fond, et lorsque d'autre part, en quelques causeries familières et graves, vous leur aurez parlé des grandes choses qui intéressent la pensée et la conscience humaine, vous aurez fait sans peine en quelques années œuvre complète d'éducateurs. Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront.»
Jean Jaurès, La Dépêche,journal de la démocratie du midi, 15 janvier 1888.
Complément : Quelle émotion ressentez vous maintenant ?

Complément : Un peu de poésie...

I) Vous gardez un enfant de CM1 et, au moment du goûter, il est très étonné de voir que sur les grains de raisin, qui étaient intacts la veille, de la moisissure est apparue. Il vous dit que "la moisissure s'est formée toute seule".
Question⚓
Vous dites à cet enfant qu'il n'est pas le premier à avoir pensé à cette explication mais vous lui faites remarquer que si vous n'éliminez pas ce grain de raisin, tous les autres seront rapidement recouverts de moisissures.
Vous devez alors lui expliquer (sur le tableau blanc des courses de la cuisine) comment l'humanité a construit, au cours du temps, un ensemble de connaissances qui permet de comprendre ce qui est arrivé au raisin et d'améliorer sa conservation.
Vous utiliserez pour votre explication les événements et observations qui ont fait évoluer la compréhension du phénomène étudié aux différentes époques.
Votre réponse prendra la forme d'un schéma (type carte de concepts). Vous travaillerez d'abord par groupe avant de rassembler vos synthèses sur un schéma général.
Chaque groupe est expert de la connaissance du sujet pour une époque donnée et construit une partie de la réponse. L'état des connaissances dans l'antiquité et à la fin du XIXè siècle est donné à tous les groupes.
Conseil : déterminez pour chaque époque quel type de savoir a été produit.
Définition : Les différents types de savoirs
Nous utilisons en permanence différents types de savoirs qui n'ont pas la même portée.
Le savoir savant (savoir de connaissance) construit des explications sur le monde qui valent pour connaissance du monde tel qu'il est et fonctionne. Ces explications s'appuient sur des procédures d'observation, d'expérimentation et de calcul, lesquelles utilisent des instruments de visualisation du monde (microscope) ou d'opérations (informatique) qui peuvent être suivis et utilisés par toute autre personne ayant même compétence. On est ici dans l'ordre du prouvé. Personne n'a jamais vu la terre tourner autour du soleil. Pourtant on en a la connaissance parce qu'on nous la fait connaître comme savoir savant prouvé de façon indiscutable.
Le savoir d'expérience (savoir de connaissance) construit également des explications sur le monde mais sans procédures particulières ni d'instrumentation. Tout individu dispose d'un savoir d'expérience dès qu'il l'a éprouvé quelque chose et qu'il peut supposer que tout autre individu dans la même situation éprouvera la même chose : si je lâche un objet que je tiens dans la main, je ferai l'expérience qu'il tombera à tous les coups, et je supposerai que toute autre personne en même lieu et place fera la même expérience.
On est ici dans le domaine de l'expérience universellement partagée, et je n'ai pas besoin, pour cela, de savoir savant : je n'ai pas besoin de connaître les lois de la gravitation pour savoir que si je lâche un objet, il tombera.
Ces savoirs empiriques sur le monde peuvent contredire le savoir savant : on continue de dire que le soleil se lève et se couche (savoir d'expérience), alors que l'on sait que c'est la terre qui tourne et non le soleil (savoir savant).
Le savoir de révélation (savoir de croyance) suppose qu'il existe une vérité extérieure à la personne qui n'a pas à être prouvée ni vérifiée. Cette vérité exige donc une adhésion totale du sujet . Mais pour que ce mouvement d'adhésion trouve sa justification, il faut qu'existent des textes qui témoignent de cette vérité. Ces textes ont alors un caractère sacré jouant le rôle de référence absolue des valeurs auxquelles on veut adhérer.
Exemple : un déluge se serait produit sur Terre il y a quelques milliers d'années.
Les savoirs d'opinion (savoirs de croyance) naissent d'un processus au cours duquel le sujet prend position et s'engage dans un jugement à propos des faits du monde. On se trouve dans un univers de savoir où doit être admis qu'existent plusieurs jugements possibles à propos des faits du monde, jugements parmi lesquels la personne fait un choix selon diverses logiques : du nécessaire, du probable, du possible, du vraisemblable, et dans lesquelles interviennent autant le raisonnement que l'émotion.
Exemple : «Il vaut mieux être beau et riche que laid et pauvre»
D'après https://e-cours.univ-lr.fr/UNT/mediatisation/res/texte-charaudeau02b.pdf - P. Charaudeau est un linguiste français.
Exemple : La compréhension du monde et la construction des connaissances au cours des siècles : Comment les êtres vivants se forment ils ?
1. Les idées d'Aristote (384-322 avant notre ère) (Tous)
"Les animaux et les plantes sont issus de la terre et du liquide parce qu'il y a de l'eau dans la terre et de l'air dans l'eau, et dans tout air il y a de la chaleur vitale; en un sens toute chose est ainsi pleine d'âme. De la sorte, les choses vivantes se forment rapidement quand cet air et cette chaleur vitale sont enfermés dans quelque chose. Quand ils sont très comprimés, le liquide corporel est chauffé, et il se produit comme une bulle mousseuse. La différence selon laquelle nous pourrons évaluer si le genre est plus ou moins honorable est déterminée par l'organisation du principe vital dans l'enceinte. Et tant les lieux de développement que le matériel enfermé sont des causes de cette organisation."
Aristote, De la génération des animaux , GA, 762a, 18-27
2. Au Moyen Âge (IVe siècle) (G1)
« Car s'il y a des créatures qui sont successivement produites par leurs prédécesseurs, il y en a d'autres que, même aujourd'hui, nous voyons naître de la terre elle-même. Par temps humide elle met au monde des sauterelles et un nombre immense d'insectes qui volent dans l'air et n'ont pas de noms parce qu'ils sont trop petits ; elle produit aussi des souris et des crapauds. Aux environs de Thèbes, en Égypte, après une pluie abondante par temps chaud la campagne fut couverte de mulots. Nous voyons la boue produire toute seule des anguilles ; ces dernières ne proviennent pas d'œufs ni d'une autre manière ; c'est la terre toute seule qui leur donne naissance »
( Basile Le Grand, Hexaméron).
3. Fin du XIIe siècle en Irlande (G2)
Giraud de Barri fait des observations qui l'amènent à penser que les oies naissent de façon très particulière : sur des arbres et avec un corps enfermé dans un coquillage.
« D'abord elles naissent, comme de la gomme, de tronçons de sapins roulés par les eaux. Puis elles pendent à ce qui paraît être une algue attachée au bois, tandis que leurs corps est enfermé dans un coquillage qui leur permet de se développer librement. Elles restent ainsi jusqu'au moment où le temps ayant passé, désormais revêtues d'un plumage robuste, soit elles tombent dans l'eau, soit elles prennent leur envol vers la liberté de l'air. (...) Ces oiseaux ne pondent pas d'œufs après s'être accouplés (...). En aucun lieu de la terre, on ne les voit s'adonner à l'amour ou construire des nids ».
Giraud de Barri, Topographia Hibernica
L'observation de Giraud de Barri est en partie exacte (les oies bernache ne pondent pas en Irlande !), mais les solutions qu'il propose sont pour le moins étonnantes. Les oies bernaches sont en effet des oiseaux migrateurs venus du Groenland. C'est sur cette terre qu'elles retournent nicher au printemps et en été. L'Irlande constitue pour elles une station d'hivernage, pour se reposer et reprendre des forces avant les épreuves de la nidification qui les attendent en Arctique.

L'apparition soudaine des oies bernaches devait être un mystère d'autant plus agaçant qu'elles étaient nombreuses. Encore aujourd'hui, on en recense plusieurs milliers en Irlande d'avril à octobre.
Comment expliquer l'apparition de cette explication ?
Les coquillages (anatifes) flottaient sur des morceaux de bois, à proximité des falaises qui abritaient ensuite les oiseaux. Les observateurs ont été trompés par le petit appendice plumeux qui permet à l'anatife (Lepas anatifera) de se nourrir dans l'eau, et qui à l'air libre, peut ressembler à une plume mouillé, tandis que le pied du coquillage pouvait passer pour le cou de l'animal.
A partir de : https://lapislazuli2014.wordpress.com/2015/02/24/mysteres-de-loie-bernache/

4. Un mythe assez ancien qui avait dépassé les frontières de l'Irlande
A la fin du XIe siècle un géographe arabe, Ahmad ibn ‘Umar al-‘Uhdri, cite l'arbre à Bernache parmi les merveilles de la Saxonie (Angleterre).

Pourquoi considérer les oies et les canards comme des végétaux ?
Cela permettait de les consommer même en période de Carême* dans des régions très catholiques.
*Le Carême est une période de dévotion à Dieu associée à une alternance de jours de jeûne complet et de jours d'abstinence (jours maigres) d'une durée de quarante jours que le catholicisme a instituée au IVe siècle en référence aux quarante jours de jeûne de Jésus-Christ dans le désert.
Source wikipedia
5. La controverse de la génération spontanée (1859-1864)
La génération des individus de même espèce au XVIIIe siècle (G3)

Georges Louis Leclerc Comte de Buffon (1707-1788) est intendant du Jardin et du cabinet d'Histoire Naturelle du Roi.
Buffon propose également, en 1748, dans « l'histoire des animaux », que les êtres vivants soient constitués d'une « quantité infinie de parties organiques vivantes ».
De l'observation microscopique au XVIIe siècle au concept de cellule au XIXè siècle (G4)
En 1675, Antoni van Leeuwenhoek (1632-1723), grâce à ses améliorations du microscope, observe des spermatozoïdes et des protozoaires, ce que nous appelons aujourd'hui des unicellulaires. Mais, il n'y voit aucunement des cellules, juste des êtres vivants minuscules et fascinants.
Schéma du microscope de Van Leeuwenhoek | Informations[*] Leeuwenhoek et son microscope. Peinture à l'huile d'Ernest Boar | Informations[*] En 1839, s'appuyant sur les nombreuses observations de leurs collègues, le botaniste Matthias Schleiden (1804-1881) et le zoologiste Theodor Schwann (1810-1882) établirent la théorie cellulaire, selon laquelle tous les organismes - qu'ils soient simples comme les Bactéries ou complexes comme les plantes et les animaux supérieurs - sont formés de cellules.
En 1855, Robert Remak puis Rudolf Virchow complètent la théorie cellulaire en affirmant « omnis cellula e cellula », toute cellule provient d'une autre cellule.
La génération des organismes microscopiques (Tous)
Si on sait, en 1850, que les êtres vivants, observables à l'œil nu, sont, le plus souvent, issus de la reproduction sexuée, un débat persiste pour les formes microscopiques. La théorie de la génération spontanée veut que des organismes apparaissent spontanément dans les cultures, rendant celles-ci impures. Une virulente controverse scientifique oppose Louis Pasteur à Felix Pouchet, fervent défenseur de la théorie de la génération spontanée.
Louis Pasteur affirme dans son mémoire de 1862, que :
les poussières de l'atmosphère renferment des micro-organismes qui se développent et se multiplient ;
les liquides les plus putrescibles* restent inaltérés, si après les avoir chauffés, on les laisse à l'abri de l'air, donc de ces micro-organismes.
* qui permet le développement de germes, de pourriture.
EXTRAIT VIDEO
https://videos.reseau-canope.fr/tdc/exp_scientifique/experimentation03.mp4
Suite à l'exposé des preuves expérimentales obtenues, l'Académie des sciences donnera raison à Pasteur en 1865.

Les conséquences de la réfutation de la génération spontanée furent nombreuses, puisqu'elles touchent aussi bien à la conservation des aliments, à l'hygiène et la compréhension des maladies infectieuses.


Pour montrer que ce n'est pas la modification de l'air (et donc la disparition potentielle de dioxygène dans le ballon) qui est responsable de ses résultats, Pasteur invente un dispositif expérimental avec un ballon à col de Cygne. Dans ses expériences Pasteur porte le ballon à ébullition pendant quelques minutes jusqu'à ce que la vapeur d'eau sorte par l'extrémité du col, puis le laisse refroidir. Pendant le refroidissement, l'air aspiré dépose les poussières et leurs germes sur la première courbure : le liquide, bien qu'en contact avec l'air extérieur, reste inaltéré parce que les germes ne peuvent pas y pénétrer.

D'après : https://www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/notre-histoire/deuxieme-epoque-1862-1877
II Controverse et caricature
Question⚓
1) Expliquez pourquoi une controverse scientifique est née dans la communauté scientifique de l'époque.
2) Faites la liste des informations apportées au public par la caricature de Louis Pasteur.
Vous utiliserez les définitions ci-dessous pour bien comprendre la consigne.
Définitions (Trésor de la langue française informatisé, CNRS)
Caricature (arts plastiques) : Portrait en charge, le plus souvent schématique, dessiné ou peint, mettant exagérément l'accent, dans une intention plaisante ou satirique, sur un trait jugé caractéristique du sujet.
Satire : Toute œuvre écrite, chantée, peinte, tout propos comportant une raillerie, une critique virulente.
Controverser : discuter, contester une idée.